Le jour où je suis devenu un vieux…
Je viens de recevoir un mail d’un type que je n’ai pas revu depuis plus de 20 ans. Il recherche toutes les personnes de la 6ème D (classe dans laquelle j’étais). C’est pour ça qu’il m’a contacté. Il est passé par tous les moyens du net possibles : Facebook, Google, OVS, Copainsdavant, Trombi, Viadeo… Un peu comme si un type de la série « portés disparu » s’était mis à pianoter sur son clavier pour résoudre une énigme. Ou plutôt comme un sauveteur qui se serait mis à rechercher des victimes dans les décombres du passé vu son message (eh oui, le temps s’effondre lui aussi) : Salut, on était en sixième ensemble, je ne sais pas si tu te souviens… J’essaye désespérément de retrouver des anciens camarades… Si tu as des contacts, écris-moi, je voudrais voir qui est encore en vie ;-)
Ça fait bizarre de recevoir ce genre de message. Surtout quand vous êtes en train d’avaler un abricot aussi bio qu’un hachis Parmentier de chez Leader Price. J’ai quasiment avalé le noyau en lisant son message. Dans ma tête n’a alors cessé de résonner cette dernière phrase « … je voudrais voir qui est encore en vie ;-) ». Comme si on était à l’article de la mort et qu’il ne nous restait plus que quelques mois pour nous retrouver…
Ça a tourné en boucle comme ça un bon bout de temps dans mon ciboulot à la manière d’un vieux vinyle des forbans, jusqu’à ce que d’un coup je prenne conscience que j’étais devenu un vieux. Pas un vieux du genre j’ai plus de dents ou une canne pour pouvoir marcher. Non, juste un vieux comme celui que vos parents invitaient parfois le samedi soir à la maison. Ce genre de vieux avec une moustache qui fumait des gitanes et parlait de politique pendant que vous lisiez Pif gadget dans un coin du salon. Aujourd’hui, il aurait une barbe de trois jours, mangerait bio et parlerait de son séjour solidaire en Bolivie pendant que vous jouez à la wii au milieu du salon cette fois-ci.
Oui, ça m’a ramené à la relativité de la l’existence. Car on devient forcément un jour ou l’autre le vieux d’une époque comme on sera toujours le con de quelqu’un. On ne s’en rend jamais vraiment compte tout de suite. C’est juste un jour, comme ça, en évoquant son actrice préférée dont personne n’a jamais entendu parler à la machine à café, en découvrant que son amour d’enfance vient d’entrer dans le Guinness book pour avoir accouché de son 68ème enfant ou en recevant tout simplement un mail visant à retrouver d’anciens camarades pour voir qui est encore en vie ;-)
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